04-11-2006

Le quartier de Mala Strana

Par Jaroslava Gissubelova

Des fouilles archéologiques ont attesté la présence sur le territoire de Mala Strana - le Petit côté - d'un peuplement préhistorique. Au 8ème siècle, il existe plusieurs marchés en contrebas du Château dont le plus ancien s'étend alors à l'emplacement de l'actuelle rue Snemovni. La première grande impulsion urbanistique médiévale est donnée par Vladislas II. A partir de 1158, il lance le chantier du pont Judith, le plus vieux pont en bois à Prague, remplacé au 14ème siècle par un pont en pierre, le pont Charles. L'édification de ce pont a pour conséquence la création d'une voie de communication nouvelle reliant le quartier de la Vieille-Ville à celui de Mala Strana.

Mala Strana devient une commune à part entière sous le règne de Premysl Otakar II, en 1257. L'ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem élève alors un hôpital et une église, Notre-Dame-sous-la-Chaîne, aujourd'hui le siège des chevaliers de Malte, tandis que les prémontrés établissent leur monastère sur la butte de Strahov. Quatorze églises existent déjà à Mala Strana vers le milieu du 13ème siècle.

En 1257, le roi Premysl Otakar II, fonde la ville royale de Mala Strana, dont il chasse les habitants vers les villages environnants avant de les remplacer par des colons allemands, marchands et artisans, attirés par des facilités fiscales et juridiques - les nouveaux arrivants restant soumis au droit de leur ville d'origine, Magdeburg. Il fait fortifier le palais épiscopal à la place Drazicky et achève les remparts qui vont du Château au fleuve Vltava.

Le quartier connaît un essor sous Charles IV qui fait construire un nouveau pont en pierre et fait considérablement élargir la ville de Mala Strana qui englobera la colline de Petrin et les bourgs du sud, comme Ujezd, restés en dehors des fortifications de Premysl Otakar.

Le palais Hrzan (à droite)Le palais Hrzan (à droite) Les guerres hussites, au 15ème siècle, vont causer des dégâts considérables: Mala Strana brûle, le palais archiépiscopal est détruit, un monastère de chartreux situé près de la porte d'Ujezd est totalement rasé et nombre d'autres sont endommagés. En outre, les combats qui se déroulent entre hussites et troupes royales au pied du Château ruinent Mala Strana à deux tiers. Reconstruit à la fin du 15ème siècle, le quartier est de nouveaux ravagé, en 1541, par un incendie qui affecte aussi le Château et endommage la cathédrale en chantier. Les édifices gothiques sont remplacés par des constructions de style Renaissance. De nombreux Italiens, maçons, architectes, stucateurs, s'installent alors à Mala Strana, dans la rue Vlasska et aux alentours. De cette époque survivent l'ancien palais Hrzan, Place Velkoprevorovske, avec pour dominante le palais Bucquoy qui abrite aujourd'hui l'ambassade de France.

L'église Saint-NicolasL'église Saint-Nicolas Des remaniements baroques du quartier sont entrepris après la bataille de la Montagne Blanche, lorsque des familles aristocratiques catholiques ou converties au catholicisme et ralliées aux Habsbourg rachètent à bas prix des parcelles confisquées aux protestants pour y édifier leurs palais. C'est à eux que Mala Strana doit d'être le joyau baroque de Prague.

Le noyau du quartier, c'est la place de Mala Strana, qui s'organise autour de l'église Saint-Nicolas, qui est la construction baroque la plus monumentale de Prague, commencée par des architectes Dientzenhofer et terminée par Anselmo Lurago. Un café intéressant se trouve sur cette place.

"Café de Mala Strana"

Square (L'ancien Café de Mala Strana), photo: www.kampagroup.comSquare (L'ancien Café de Mala Strana), photo: www.kampagroup.com La brasserie "Aux Glaubic" se trouve sur la droite des promeneurs et droit devant, le passant peut apercevoir le pont Charles, s'il n'y a pas trop de monde. Avant de continuer direction pont Charles, il est possible de prendre un café accompagné d'un petit gâteau ou une coupe de glace dans le "Malostranska kavarna", "Café de Mala Strana". Il suffit juste de faire quelques pas en virant sur la gauche et la place historique de Mala Strana s'ouvre juste devant les yeux. Cette place était jadis la place principale de la ville autonome de Mala Strana, fondée, en 1257, par le roi Premysl II descendant de la dynastie des Premyslides. Pratiquement toutes les fenêtres du "Malostranska kavarna" ("Café de Mala Strana") donnent sur la place de Mala Strana. Vers la fin du XVIIIe siècle, l'architecte Joseph Jager a construit pour l'avocat Karel de Gromling une maison de style rococo (rocaille), qui s'appelait "A la table de pierre".

Le café a été ouvert déjà en 1874. Tout au début, il était connu sous le nom de "Radetzky Café", d'après le monument du maréchal autrichien Radetzky. Le monument a été supprimé en 1918 et le café a changé de nom. A partir de 1968, le café et la maison, appelée également le palais Gromling, d'après son propriétaire d'origine, a été gérée par l'entreprise nationale Avicenum. Le "Malostranska kavarna" ("Café de Malá Strana") est resté sans aucun changement jusqu'à 1989. A cette date, le café a été reconstruit par les soeurs Eva Sehnoutkova et Luisa Steinska et croyez moi, l'endroit est très charmant.

Notre « kavarna », car s'est ainsi que l'on dit café en tchèque, se compose de trois salles. L'atmosphère est inimitable. Il est bien connu que certains habitués prenaient la même table pendant vingt, trente, cinquante ans. Le "Malostranska kavarna" a toujours été un lieu recherché surtout par les artistes et les journalistes... Une légère nostalgie flotte sur les nuages de la fumée de cigarettes et fait revenir les noms célèbres de ceux qui ne font plus partie de ce monde, mais sont présents par leur immortalité... le peintre Jan Zrzavy, Marcelo Mastroianni, Emma Destinn, chanteuse d'opéra de renommée mondiale, Lida Baarova, célèbre actrice tchèque des années trente, l'écrivain Jan Werich, la journaliste Milena Jesenska, le journaliste Egon Erwin Kisch....

Il faut bien aussi mentionner des noms plus récents comme notre actrice Jana Brejchova, l'acteur Jan Kanyza, le réalisateur Zdenek Podskalsky ainsi que le réalisateur Otakar Vavra, qui a tourné beaucoup de films justement avec Lida Baarova que je viens de mentionner. Otakar Vavra a plus de quatre-vingt-dix ans et se porte comme un charme. Dans les années trente, le café était également le lieu de rencontres des sportifs des clubs de football Sparta et Slavia.

Ce café avec un passé chargé et agréable enchantera certainement les visiteurs fatigués par la longueur de sa promenade.

Articles correspondants