09-01-2009


Le 16 janvier 1969, au pied du Musée national surplombant la principale avenue de Prague, un étudiant à la Faculté des Lettres de l'Université Charles, Jan Palach, s'est immolé par le feu, pour protester contre l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie et contre la léthargie croissante de la nation. Ce jeudi là du 16 janvier 1969, au début de l'après-midi, un aiguilleur de tramway s'apperçoit d'une torche vivante sur la rampe du musée. On ne saura jamais comment il est arrivé jusqu'à là, s'est arrosé, inaperçu, d'essence et immolé par le feu. Avec des brûlures extrêmement graves, il a été transporté à l'hôpital, laissant sur le lieu la lettre expliquant les raisons de son sacrifice, tout à fait étranger à la tradition européenne. Le nom de cet étudiant deviendra aussitôt le symbole de la résistance tchécoslovaque à l'oppression. C'est Jan Palach, étudiant à la Faculté des Lettres de l'Université Charles, né à Vsetaty, au nord de Prague, âgé alors de 21 ans. Dans sa lettre, reproduite dans la soirée même du 16 janvier, dans un millier de tracts apparaissant à Prague, Jan Palach explique le sens de son acte: protester contre l'agression violente des chars du pacte de Varsovie qui ont mis fin, en dépit de toutes les normes du droit international, à la tentative tchécoslovaque de créer le socialisme à visage humain. Protester contre le fait que l'équipe au pouvoir, composée de ceux-mêmes qui, pendant l'année précédente, avaient incarné pour le peuple tchécoslovaque le Printemps de Prague, est devenue le premier instrument de la consolidation du régime et de sa vassalité à l'égard de Moscou: le président Ludvik Svoboda, le SG du CC du PCT, Alexander Dubcek, le Premier ministre, Oldrich Cernik. La réaction de ces derniers au sacrifice ultime de Jan Palach ne faisait d'ailleurs que le confirmer: "Nous pouvons comprendre les craintes des jeunes concernant la politique socialiste. Mais seul le travail et l'effort patients peuvent assurer l'application des idées socialistes que la jeune génération attend de la société", pouvait-on lire dans leur communiqué... A la clinique de la chirurgie esthétique, rue Legerova, où il est soigné, Jan Palach s'intéresse, malgré son état de santé très grave, aux réactions du public. En janvier 1969, le système de contrôle des mass-medias n'a pas encore été rétabli. Ainsi, son geste reçoit une grande place. Les dirigeants des organisations estudiantines indépendantes lui rendent visite sur son lit d'hôpital et font connaître dans la presse et la radio ses explications et son message. Il en découle qu'il voulait arrêter l'agonie de la liberté, réveiller la nation. Il était convaincu qu'un geste expressif saura arrêter la démoralisation de la société.
 

Entrentien avec Jiří Slavíček, journaliste tchèque
et français, fixé depuis 1968 à Paris:
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Entrentien avec Christine Dupré, journaliste française:
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Articles correspondants :


Janvier 1969 :



Janvier 1989 - 'Semaine Palach' :



Jan Palach - Galerie photos :


 

Jan Palach - quarantième anniversaire
Il y a quarante ans, le 16 janvier 1969, l'étudiant Jan Palach s'immolait sur la place Venceslas, en signe de protestation contre l'occupation soviétique de la Tchécoslovaquie...On pourrait dire qu'il s'agit, en vérité, de deux anniversaires.

Jan Palach - dimension éthique de son acte
En 1969, Jan Palach s'immolait par le feu pour éveiller la société tchèque. Sa mort était un appel à la résistance contre l'arbitraire dans un pays occupé par l'Union soviétique, pays qui sombrait dans l'apathie et semblait oublier vite les idéaux de liberté de la période précédente appelée communément le Printemps de Prague.

Jan Palach - son legs
"Il a concentré dans son acte tous les sentiments de la jeune génération..." "Ce n'est pas l'acte d'un désespéré, comme veulent le faire croire d'aucuns, c'est une protestation délibérée et un acte héroïque, accompli au nom de la vie..." "Palach s'est sacrifié pour nous réveiller tous..." "Son geste était dirigé contre tous ceux qui acceptent une situation où la volonté du peuple n'est pas respectée..." voilà ce qu'ont écrit des étudiants pragois le jour du décès.